News Flash - Mars 2025 - Des marchés globaux chahutés par les craintes de récession
Après une année 2024 exceptionnelle, les marchés américains traversent une période de turbulences depuis le début de 2025. L'indice phare, le S&P 500, affiche une baisse de près de 10%1, tandis que le Nasdaq, dominé par les valeurs technologiques, chute de 14,10 %.
La séance du 10 mars a été particulièrement marquante, avec un recul de 2,58 % pour le S&P 500 et de 3,70 % pour le Nasdaq. En comparaison, les marchés européens résistent mieux, leur indice de référence ne cédant que 1,30 %, tandis que la Chine affiche une perte de 2 %.
Derrière ces turbulences, les craintes d’une récession aux États-Unis s’intensifient, alimentées par les changements radicaux de politique économique entrepris par l’administration Trump.
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Des incertitudes liées aux choix économiques de Trump
La nouvelle administration brouille les prévisions économiques avec sa politique commerciale fluctuante. Entre les droits de douane imposés à la Chine et ceux en suspens concernant le Mexique et le Canada, les marchés, d’abord préoccupés par un risque inflationniste, redoutent désormais un ralentissement de la croissance.
Parallèlement, Donald Trump et son équipe affichent leur volonté de réduire les dépenses publiques, notamment dans l’emploi, afin d’assainir les finances de l’État. Bien que ces mesures ne soient pas immédiatement favorables à la croissance, elles visent à réduire le déficit public pour financer de futures baisses d’impôts et assouplir les conditions de financement. À terme, ces ajustements pourraient être bénéfiques pour la productivité et l’expansion économique.
Début février, le secrétaire du Trésor, Scott Bessent, avait annoncé son objectif de faire baisser le rendement des obligations souveraines à 10 ans. Cet objectif semble en bonne voie : malgré une politique monétaire inchangée de la Fed, ce taux est passé de 4,80 % en janvier à 4,20 % aujourd’hui.
Dans le même temps, les taux hypothécaires à 30 ans ont diminué de 0,70 point de pourcentage. Un autre objectif de l’administration Trump semble également se concrétiser : une baisse des coûts énergétiques. En effet, le prix du baril de Brent est passé de 80 à 70 dollars en l’espace d’un mois et demi.

Des craintes de récession exagérées ?
Trump lui-même admet que l’économie américaine traverse une phase de transition, mais l’ampleur des craintes de récession semble, pour l’instant, exagérée. Certes, le sentiment des consommateurs américains est fragilisé par les risques de retour de l’inflation liés aux hausses de tarifs douaniers. Cependant, il convient de noter que les indicateurs de confiance se sont révélés peu fiables ces dernières années. Depuis la pandémie, les consommateurs affichent une fébrilité persistante, alors que leurs habitudes de consommation sont restées solides.
Les derniers rapports sur l’emploi en témoignent : en février, 151 000 postes ont été créés aux États-Unis, maintenant le taux de chômage à 4,1 %, un niveau toujours bas. De plus, les emplois manufacturiers, particulièrement sensibles aux cycles économiques, ont progressé de 10 000 postes, contre toute attente.
Ainsi, la baisse de confiance des consommateurs doit être relativisée, car elle n’affecte pas immédiatement les habitudes de consommation et, par conséquent, la croissance.
Les marchés entre prudence et opportunités
Les analystes restent confiants : les attentes concernant les bénéfices du S&P 500 n’ont pas été revues à la baisse, et la récente chute des marchés s’explique davantage par une contraction des multiples – autrement dit, par une détérioration du sentiment des investisseurs plutôt que par un affaiblissement des fondamentaux économiques.
Par ailleurs, le contexte chahuté crée des opportunités en dehors des États-Unis. Le retrait progressif des États-Unis sur la scène géopolitique a ouvert la voie à une prise d’initiative accrue en Europe. L’Allemagne prévoit d’investir 500 milliards d’euros dans ses infrastructures au cours des dix prochaines années, tandis que les États européens augmentent leurs dépenses militaires. Ces initiatives pourraient non seulement stimuler l’activité économique à court terme, mais aussi renforcer la productivité à long terme.
Enfin, la Chine a réaffirmé son objectif de croissance de 5 % pour 2025 et s’oriente vers un soutien accru à la consommation, en assouplissant sa politique budgétaire et monétaire.
En somme, si les marchés restent nerveux, les perspectives économiques mondiales offrent encore des motifs d’optimisme. Les turbulences actuelles sur les marchés reflètent avant tout une phase d’incertitude, alimentée par les ajustements économiques et l’imprévisibilité de l’administration Trump. Toutefois, les fondamentaux économiques restent solides, comme en témoignent les bons chiffres de l’emploi aux États-Unis et les perspectives de relance en Europe et en Chine.
Par ailleurs, notons que les marchés américains étaient très chèrement valorisés avant cette baisse récente, ce qui réduisait les rendements espérés sur la région. Aujourd’hui, avec une croissance bénéficiaire robuste qui est attendue, les États-Unis aussi gagnent en potentiel grâce au niveau de valorisation plus faible qui résulte de la baisse récente. La thématique de l’intelligence artificielle et les gains de productivité qu’elle promet reste d’actualité, malgré la phase de correction que nous traversons.
Si les investisseurs restent prudents face aux défis à venir, la baisse des marchés semble davantage liée à une détérioration du sentiment qu’à une réelle dégradation de l’économie. Dans ce contexte, la volatilité pourrait persister, mais les opportunités d’investissement ne manquent pas pour autant, à condition d’adopter une vision à long terme et de s’adapter aux nouvelles dynamiques économiques.

Aykut Efe
Economist & Strategist
Spuerkeess Asset Management

Damien Spohn
Deputy Head of Investments
Spuerkeess Asset Management