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News Flash - Avril 2025 - Trump renforce les droits de douane, incertitude accrue

Le mercredi 2 avril, le président américain Donald Trump a annoncé des droits de douane « réciproques » envers les partenaires commerciaux des États-Unis. Qualifiées par Trump de « gentilles », ces mesures ont pourtant surpris par leur ampleur. La Chine est la plus touchée avec une hausse de 34 %, portant son total à 54 %.

Lors d’une conférence de presse au Rose Garden, Trump a présenté un tableau illustrant ces nouveaux droits de douane : Union européenne (20 %), Vietnam (46 %), Taïwan (32 %) et Japon (24 %).

Selon Trump, ceux-ci restent modérés comparés aux droits « effectivement imposés » par ces pays aux États-Unis. La Maison Blanche affirme que la Chine applique un taux réel de 67 %, incluant « barrières commerciales et manipulation de devises », tandis que l’Europe imposerait en réalité 39 %.

Des incertitudes liées aux choix économiques de Trump

La notion de « manipulation de devises », utilisée par Trump, est cependant controversée. Il estime que le système commercial et monétaire actuel pénalise les États-Unis en créant un déficit chronique et en renforçant le dollar, ce qui lui couterait des emplois industriels.

La réaction des pays concernés déterminera l'évolution du commerce international à court terme. La possibilité de contre-mesures, la durée des négociations et l’éventuelle conclusion de nouveaux accords créent actuellement une incertitude importante pour les entreprises et investisseurs, annonçant une période de turbulence avant un nouvel équilibre mondial.

Cette perte de visibilité fait table rase des scénarios économiques qui étaient en vigueur : alors qu’une croissance bien orientée autour de 2% était envisagée aux États-Unis pour cette année, un fort ralentissement, voire des risques de récession sont à prendre plus au sérieux. En Europe aussi, malgré l’optimisme récent sur la croissance en raison des dépenses gouvernementales annoncées, les droits de douane peuvent effacer une bonne partie de la croissance attendue.

Or, à -10% des sommets historiques, et sur des niveaux de valorisation toujours supérieurs aux moyennes de long terme, il est difficile de dire que les risques économiques sont entièrement reflétés dans les indices actions. Il faut également noter que globalement, les attentes de croissance bénéficiaires sont toujours très élevées et constituent un obstacle notable pour les actions. Par exemple, obtenir les 10% de croissance bénéficiaire attendus sur les actions américaines deviendra de plus en plus compliquée avec une croissance qui devrait nettement ralentir.

Aux États-Unis, la nouvelle administration ambitionne une réforme radicale : redéfinir les règles du commerce international, réduire les dépenses publiques, affaiblir le dollar, réindustrialiser le pays et exiger des contributions accrues des alliés à leur propre défense.

Une fois cet équilibre rétabli et les risques économiques mieux reflétés dans les prix, les perspectives pourraient redevenir plus favorables.

Pour l’instant, la recommandation d'allocation d'actifs évolue d'une position « surpondérée » en actions vers une position « sous-pondérée », avec une prudence marquée sur les États-Unis, étant donné une valorisation élevée et un risque sur le dollar pour les investisseurs européens.  Les probabilités de récession étant en hausse, celles-ci ne semblent toutefois pas intégralement reflétées dans les indices. Par ailleurs, les secteurs plus cycliques, tels que la consommation discrétionnaire et les banques américaines, voient leur recommandation passer de « surpondérée » à « neutre », s’adaptant à l’environnement économique incertain actuel. Enfin, compte tenu de la récente remontée des taux souverains, l’ajout de duration par le biais des obligations gouvernementales européennes est conseillé, afin d’amortir les éventuels chocs économiques attendus dans la zone euro, particulièrement visée par Donald Trump en raison de son excédent commercial. Nous augmentons naturellement le positionnement en liquidités, ce qui nous permettra de profiter d’opportunités dans un futur que nous espérons proche, quand la poussière sera retombée. 

Aykut Efe
Economist & Strategist
Spuerkeess Asset Management

Damien Spohn
Deputy Head of Investments 
Spuerkeess Asset Management