News Flash - Août 2024 - La volatilité a fait son grand retour
La volatilité a fait son grand retour sur les marchés financiers après des mois de hausse plutôt stable. Vendredi, le S&P 500 a perdu près de 2%, notamment en raison des valeurs technologiques qui ont connu une journée difficile. La déroute se prolonge ce lundi avec près de 3% de perte sur l’indice européen, 3% aux États-Unis. Tout ceci accompagné d’une panique au Japon qui a vu son indice principal perdre 12% lundi.
Dans une recherche de protection, les investisseurs se sont rués vers les obligations souveraines de part et d’autre de l’Atlantique. Aux États-Unis, le marché obligataire table donc désormais sur des baisses de taux considérables dans les mois qui suivent, avec notamment une baisse de 50 points de base attendue en septembre. En Europe, trois baisses sont encore attendues.
La principale raison de ces mouvements : des craintes économiques.
Aux États-Unis, les derniers chiffres économiques déçoivent les investisseurs, notamment en raison de la récente hausse du chômage. Le taux de chômage est passé de 4,1% à 4,3% en juillet, ce qui correspondrait pour certains investisseurs à un niveau synonyme de récession.
D’après la « Règle de Sahm », développée par l’économiste Claudia Sahm, une récession aurait déjà commencé. En effet, lorsque le taux de chômage sur une période de trois mois augmente de 0,5 point de pourcentage par rapport à son minimum des 12 mois précédents, la règle stipule qu’une récession devrait commencer.
Cela semble vrai à première vue. Il y a des précédents historiques où une telle hausse du chômage s’est soldée par une récession.
Pourtant, ce n’est pas si simple que cela.
Si le taux de chômage a augmenté récemment, c’est davantage lié à une hausse du taux de participation au marché de l’emploi qu’à une destruction d’emplois. Surtout, la hausse récente de l’immigration aux États-Unis augmente inévitablement le taux de chômage dit « frictionnel », qui correspond à une durée naturelle de recherche d’emploi.
Par ailleurs, il faut noter une mise au chômage temporaire très forte dans ce dernier rapport, qui explique près de la moitié de la hausse du chômage. Il ne faut donc pas écarter un retour de ces travailleurs à l’emploi dans les semaines ou mois qui suivent.
Enfin, il faut aussi mentionner une hausse du chômage provenant de personnes qui n’ont pas travaillé en raison des conditions météorologiques, potentiellement en raison de l’ouragan Beryl frappant le sud des États-Unis.
Avec une concentration extrême et des marchés au plus haut, une prise de profit face à une éventuelle dégradation de l’économie semble plausible.
Aussi, il faut dire que ce mouvement a été exacerbé, voire provoqué par la hausse des taux d’intérêt au Japon.
Ainsi, les investisseurs ont clôturé leurs « carry trades », stratégie consistant à emprunter à un taux d’intérêt faible (en l’occurrence en yen) pour investir dans des actifs à rendement plus élevé. Ainsi, le rapatriement des fonds vers le Japon a fait baisser les prix des actions globalement et a renforcé le yen japonais.
D’un point de vue fondamental, il y a encore des atouts pour l’économie américaine. Le taux de chômage reste faible dans l’absolu, la demande interne est présente comme en témoigne les derniers chiffres de croissance, et la Fed a une marge de manœuvre importante pour baisser ses taux. D’ailleurs, Jerome Powell, président de la Fed, ne s’est pas montré sceptique vis-à-vis d’une baisse de taux, tout au contraire. Avec une inflation qui se dirige vers les 2%, et des taux directeurs actuellement entre 5% et 5,25%, la Fed a les moyens d’agir.
Il faut également faire attention aux données économiques basées sur le sentiment des entreprises et des investisseurs car ils ont tendance à être teintées de pessimisme ces dernières années. Par exemple, l’ISM manufacturier, qui est un indicateur suivi de près par les marchés depuis de longues années est sorti en-dessous des attentes la semaine dernière. Or, cet indicateur semble avoir perdu en pouvoir de prédiction dans la période post-covid car il a tendance à sous-estimer la croissance. Il semble donc essentiel de rester focalisé sur les données économiques concrètes. Celles-ci sont pour la plupart à des niveaux tout à fait satisfaisants.
Aujourd’hui, le soft landing qui était tant attendu et plutôt réussi jusqu’à présent semble un peu moins certain, mais il reste le scénario central pour la plupart des économistes. Les marchés craignent que la Fed soit en retard par rapport à la détérioration de l’emploi, mais un tel jugement serait pour l’instant prématuré.
Les récentes périodes de volatilité, ont démontré que les solutions d'investissement de Spuerkeess et de ses partenaires de confiance, fondées sur des portefeuilles minutieusement diversifiés, offrent une capacité de navigation équilibrée à travers les incertitudes d marché.
Aykut Efe
Economist & Strategist
Spuerkeess Asset Management
Damien Spohn
Deputy Head of Investments
Spuerkeess Asset Management