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Thorunn Egilsdottir
Corporate Communication Manager
15 décembre 2021

Une vie dans la rue - comment aider les personnes sans-abri ?

Depuis 25 ans, « Stëmm vun der Strooss », une association sans but lucratif, vient en aide aux personnes défavorisées. Elle récupère des denrées propres à la consommation, retirées des rayons avant l’arrivée en date limite de consommation, pour en faire des repas qu’ils distribuent tous les jours gratuitement à 368 personnes.

1. Vous distribuez 110.000 repas par an aux personnes en détresse. Comment ces personnes ont-elles vécues la période de Covid-19?

Il faut dire que pendant tout le confinement, la « Stëmm » n’a jamais fermé ses portes et a continué à garantir l’accès à la nourriture à toute personne dans le besoin, bien que de mars à juin 2020 les repas ont dû être servis sur le trottoir gratuitement. Pour respecter les règles de distanciation par la suite, les bénéficiaires pouvaient de nouveau entrer au restaurant social par groupe de 20 personnes et ceci uniquement durant 30 minutes pour laisser la place aux prochains bénéficiaires.

Bien évidemment, en fonctionnant dans ces conditions le lien social n’a pas pu être préservé au niveau habituel, et c’est pourtant ce que recherchent les personnes qui viennent à la « Stëmm ». Discuter, trouver de la considération, passer du temps avec des personnes, se reposer en sécurité ou simplement venir boire une tasse de café, tout cela n’a plus été possible durant la période Covid et c’est ce qui a pesé le plus lourd pour nos bénéficiaires et nos équipes. La période Covid a fait prendre conscience à tout le monde de l’importance d’avoir du lien social et notre population nous a d’ailleurs remerciée d’être restés ouverts pour elle.

Beaucoup de firmes et d’individus se sont mobilisés pour soutenir la « Stëmm vun der Strooss » durant cette période, ce qui nous a encouragés à nous dépasser pour que nos bénéficiaires puissent profiter des nombreux services à leur disposition. Le coiffeur est venu couper les cheveux dans la rue, des restaurateurs sont venus préparer des repas avec leur brigade alors qu’ils étaient fermés, des traiteurs nous ont approvisionnés … toute cette mobilisation a apporté un peu de bonheur dans le quotidien.

Pour les personnes qui disposaient d'un logement, même si celui-ci était spartiate, le confinement s'est avéré aussi difficile que pour les personnes qui vivaient dans la rue. En effet, coupés de tout lien social et de toute activité professionnelle, ceux qui étaient stables avant le confinement, ont rechuté dans les drogues, l'alcool et les médicaments. Leur santé s'étant dégradée rapidement, nous avons malheureusement déploré plus de morts que les années précédentes.

Nous avons également assisté à l'arrivée d'une nouvelle population: les personnes dont le contrat d'intérim ou le cdd n'a pas été renouvelé. Les demandes adressées à nos services ont changé, entraînant la nécessité de s'adapter rapidement afin de pouvoir y répondre au mieux.

Les consultations médicales gratuites, le vestiaire et les douches ayant dû être suspendus, de nombreux clients se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, leur santé et leur hygiène se sont dégradées de façon vertigineuse.

2. Quelles sont les causes qui conduisent à devenir sans-domicile?

Il n’y a pas une seule réponse à cette question, les causes peuvent être très diverses. Souvent le manque d’une structure familiale durant la jeunesse peut entraîner une personne à prendre des mauvais choix dans sa vie. Combiné avec un manque d’éducation, il peut en résulter qu’une personne se trouve déjà très tôt à la rue, ce qui a pour conséquence qu’elle aura plus de difficultés pour en sortir, surtout si elle n’a connu que la rue durant sa vie. L’absence d’apprentissage des normes sociales, fait qu’il devient difficile de vivre et de travailler avec d’autres.

Toutefois, même les personnes qui mènent une vie stable,, qui ont un travail et une famille ne sont pas à l’abri de se trouver à la rue un jour. Des coups de destin, un licenciement ou un divorce peuvent être des raisons pour bouleverser une vie.

Bien sûr il y a également beaucoup de personnes à la rue qui souffrent de problèmes mentaux et psychologiques à cause d’une maladie ou une dépendance. Les violences qu’une personne a subies dans le passé rendent son rapport à l’autre conflictuel, ce qui mène à son exclusion. De même que le manque de confiance en soi empêche de croire qu’une situation peut changer et le manque de stimulation amène à se résigner.

3. Vous avez lancé un nouveau projet. Actuellement vous êtes en train de construire un bâtiment dans la commune de Sanem. Quel est le plan ?

En 2016, le constat était que nos ateliers de réinsertion professionnelle Caddy et Schweesdrëps avaient atteint le summum de leur capacité alors que la demande pour leurs services était bien supérieure. L’atelier de réinsertion professionnelle Caddy recycle 125 tonnes annuelles de denrées alimentaires issues des invendus de la grande distribution pour en faire des sandwichs, des crudités, des jus de fruits frais et des packs alimentaires. Et ce dans le plus grand respect des règles sanitaires. L’atelier Schweesdrëps lave 4.700 tenues de sport par semaine provenant de 40 clubs de foot, ce qui évite à chaque famille de les nettoyer chez soi, ce qui permet de faire travailler 40 personnes en réinsertion. Les bâtiments de ces ateliers n’étaient pas adaptés à l’activité logistique, alors nos équipes ont repensé l’organisation de travail afin de concevoir des ateliers thérapeutiques plus fonctionnels.

Cette nouvelle construction poursuit deux buts principaux. Premièrement, la réinsertion professionnelle qui permet de donner du travail à des personnes en difficulté, dépendantes, éloignées du marché de l’emploi et de lutter contre la criminalité pour recréer du lien avec la société. On leur propose une mise au travail dans le but d’acquérir une expérience, s’intégrer à une équipe, développer le savoir-faire et le savoir-être de chacun.

Puis, nous nous engageons à lutter contre le gaspillage alimentaire. Les 125 tonnes par an de denrées alimentaires encore consommables que nous recyclons, passerons à 500 tonnes annuelles avec ce nouveau projet.

Le nouveau bâtiment recyclera les calories émises par les groupes qui produisent le froid alimentaire, afin de s’en servir comme chauffage dans le séchoir à linge de l’autre atelier. 100 personnes en réinsertion professionnelle y travailleront.

Nous pourrons intégrer ce bâtiment de 2.400 m² en septembre 2022. C’est un projet national de lutte contre la pauvreté puisque nous distribuons gratuitement des packs alimentaires via une vingtaine d'associations actives dans le centre et le sud du pays, qui lutte contre le gaspillage alimentaire, fait travailler des personnes et aide les plus démunis.

4. Afin de financer des équipements indispensables pour ce projet ambitieux, votre but est d’atteindre une collecte de dons de 500.000 € jusqu’à juillet 2022. Jusqu’ici vous avez réussi à collecter 110.000 €.

Comment est-ce que nos lecteurs peuvent vous soutenir ?

Tous les lecteurs susceptibles de s’intéresser à ce projet qui est à la fois social, environnemental et économique peuvent consulter une liste de matériel dont a besoin la « Stëmm » et qui est disponible sur le site web de l’association.

Il est possible de faire un don directement sur le site ou un virement sur notre compte LU63 0019 2100 0888 3000 BCEELULL

Le bouche à oreille est également un outil très important pour un tel projet et la « Stëmm » serait fière si de plus en plus de personnes en parlaient.

5. C’est bientôt Noël et il fait froid. En dehors de votre projet, est-ce que vous avez cinq conseils pour aider les personnes sans-abri ?

Cinq conseils pour aider les personnes sans-abri :

1. Ouvrez votre armoire et faites le tri de vos vieux manteaux, bonnets, écharpes, couvertures. Tous les vêtements utiles pour l’hiver seront encore plus utiles pour une personne qui vit dans la rue.

2. Vous avez des sacs de couchage en trop ou vous voulez lancer une collecte auprès de vos collègues ? La « Stëmm » est preneur pour les distribuer aux personnes dans le besoin.

3. Vous avez quelques euros de trop ? Pourquoi ne pas offrir une soupe bien chaude à un sans-abri. Offrir des chèques repas nous permet d’organiser des journées à thème gratuites.

4. Lorsque vous passez à côté d’un magasin alimentaire prenez un croissant ou un sandwich en plus et offrez-le à la personne qui fait la manche dehors.

5. L’hiver c’est aussi la période de Noël or nos bénéficiaires ne reçoivent pas de cadeaux comme vous et moi. Faites un don à la « Stëmm » qui achète et distribuera 400 colis remplis de cadeaux aux sans-abri lors de la traditionnelle fête de Noël le 16 décembre 2021.

À propos du blog : 

 

Il devient urgent d’opérer une transition rapide vers une durabilité environnementale à l’échelle mondiale. Grâce aux acteurs du changement, nous pouvons aujourd’hui progresser dans cette direction. Publiée deux fois par mois, la rubrique « Pourquoi est-ce important ? » offre un bref éclairage sur les dernières tendances en matière de durabilité. Depuis mai 2021, nous nous efforçons d’éclaircir ce sujet important à travers le regard de nos experts.

 

Nous apprécions également votre contribution ! À compter de juin, ne manquez pas les conseils pratiques de nos experts à appliquer dans votre quotidien.

Développement durable