Thorunn Egilsdottir
Corporate Communication Manager
14 octobre 2022

Écologique et numérique. Comment construire une ville intelligente au Luxembourg ?

L’objectif d’une ville dite « intelligente » est d’utiliser la technologie afin d’accroître l’efficacité opérationnelle et ainsi améliorer le bien-être des citoyens. La transformation numérique et la durabilité jouent un rôle important dans la réalisation de cet objectif. Nous nous sommes entretenus avec David Osville, Associé chez Deloitte, qui nous a fait part de ses réflexions sur la transition vers un mode de vie plus numérique et plus écologique au Luxembourg.

1. Quels sont les défis auxquels le Luxembourg est confronté à l’ère du numérique ?

La population luxembourgeoise est diverse, tant sur le plan culturel que générationnel. Par exemple, les besoins numériques et la capacité à utiliser des solutions numériques varient entre les jeunes générations et celles plus âgées. Les résidents du Luxembourg et de la région frontalière souhaitent de plus en plus bénéficier de la technologie numérique. Cet éventail de besoins et d’attentes peut être difficile à satisfaire. Le Luxembourg doit faire progresser la transition numérique pour rester compétitif, sans oublier que les nouvelles technologies doivent être adaptées aux personnes âgées, afin que nul ne soit laissé de côté.

2. Dans quels domaines le Luxembourg devrait-il accroître ses investissements ?

Le Luxembourg est un pays attrayant, compte tenu de son histoire et de sa localisation en Europe centrale. Avec plus de 600.000 personnes vivant au Luxembourg[1], 212.000 travailleurs transfrontaliers[2] et un niveau élevé d’émissions de gaz à effet de serre par habitant[3], l’humain et la durabilité doivent être au cœur de la réflexion sur le numérique.

Le Luxembourg devrait investir dans des infrastructures de mobilité et de ville intelligentes afin d'anticiper des tendances telles que la présence accrue de véhicules électriques et le besoin de superchargeurs.

Avec la saturation des smartphones, des applications mobiles destinées aux activités des villes intelligentes doivent être développées de manière à réduire le temps de calcul ou de chargement, et l’utilisation de la mémoire et du processeur[4]. La couverture du réseau doit faciliter la transmission de données en temps réel par la 5G ou la communication par satellite.

Le Luxembourg met déjà en œuvre de manière stratégique un déploiement rapide du réseau 5G. Le pays doit continuer à se développer et devenir un pôle européen des technologies inclusives et écologiques.

[1] https://statistiques.public.lu/en/actualites/population/population/2022/05/template-news.html
[2] https://statistiques.public.lu/fr/actualites/population/travail/2022/04/20220429.html
[3] https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/BRIE/2021/690664/EPRS_BRI(2021)690664_EN.pdf
[4] https://www2.deloitte.com/lu/en/pages/technology-media-and-telecommunications/articles/global-mobile-consumer-survey-luxembourg.html

3. Que sont les éco-TIC ? Et comment le Luxembourg devient-il un acteur des éco-TIC et en fait-il la promotion sur son territoire ?

Les technologies de l’information et de la communication écologiques (éco-TIC) se divisent en deux catégories :

  • La catégorie des éco-TIC qui consistent en une pratique de l’informatique respectueuse de l’environnement.
    •  Elle vise à minimiser l’impact négatif des opérations informatiques tout au long du cycle de vie (conception, fabrication, exploitation et élimination) des composants, produits et services informatiques.
    • Elle concerne notamment la réduction au minimum de l’utilisation de matières dangereuses, l’optimisation de l’efficacité énergétique et la promotion de la biodégradabilité des produits inutilisés et périmés.
  • La catégorie des TIC pour l’écologie qui concernent l’utilisation des TIC pour favoriser le travail écologique.
    • Elle vise à minimiser la consommation de ressources et à optimiser la sensibilisation et l’efficacité en utilisant les TIC.
    • Les TIC pour l’écologie comprennent la surveillance écologique, les bâtiments intelligents avec des capteurs et le changement de comportements par le biais d’applications.

Le Luxembourg a déjà fait de la transition numérique et de la transition écologique des priorités.

Par exemple, le « Plan pour la reprise et la résilience du Luxembourg » (PRR)[1] prévoit des projets de réforme et d’investissement qui contribuent directement à la double transition écologique et numérique ou atténuent les défis qui en découlent.

La stratégie nationale de recherche et d’innovation[2] pour le Luxembourg inclut la transformation numérique dans l’industrie et les services ainsi que le développement durable et responsable.

Le Luxembourg aide les entreprises à évaluer et à réduire leur impact environnemental grâce au programme « Fit 4 Sustainability[3] » de Luxinnovation, qui vise à aider les entreprises à faire face à la transformation numérique et au changement climatique.

D’autres initiatives luxembourgeoises sensibilisent à la durabilité et impliquent les citoyens par le biais de la technologie. Par exemple, les entreprises locales mettent en avant la manière dont elles réduisent l’empreinte carbone des transports avec Lëtzshop[4] ou peuvent promouvoir le « partage plutôt que la propriété » avec des applications de covoiturage[5] ou de location de vélos[6] pour une gestion efficace des ressources.

[1] https://gouvernement.lu/fr/dossiers.gouv_mfin%2Bfr%2Bdossiers%2B2021%2Bplanderelance.html#bloub-0
[2] https://gouvernement.lu/dam-assets/documents/actualites/2020/02-fevrier/25-mesr-strategie-recherche-innovation/mesr-strategie-recherche-innovation.pdf
[3] https://www.luxinnovation.lu/innovate-in-luxembourg/fit-4-performance-programmes/fit-4-sustainability/
[4] https://letzshop.lu/fr
[5] https://www.vdl.lu/en/getting-around/car/carsharing
[6] https://www.vdl.lu/en/getting-around/bike-or-foot/bike-rental-and-other-services/veloh

4. Quels sont les 4 facteurs permettant au Luxembourg de rester compétitif aux yeux de ses citoyens/travailleurs dans le domaine du numérique ?

De nombreuses applications et outils répondent aux demandes des citoyens. Par exemple, des achats alimentaires écologiques[1], une application de santé numérique[2], des services bancaires numériques, des services publics numériques[3] et bien plus encore.

En outre, comme mentionné dans les axes stratégiques du gouvernement[4] :

  • L’administration luxembourgeoise se concentre sur les utilisateurs finaux – ses citoyens. Les ministères prévoient d’accélérer l’innovation technologique du pays au profit de ses citoyens et de ses entreprises par le biais d’initiatives telles que des événements, des défis ou des hackathons sur l’innovation technologique.
  • Le Luxembourg rend la technologie numérique plus accessible à tous et enseigne des compétences numériques pour favoriser l’inclusion sociale et économique. Pour accomplir la transformation individuelle et socio-économique, il s’agit de faire du numérique une opportunité pour tous en permettant l’accès aux outils, aux compétences et aux opportunités d’emploi pour chaque citoyen au Luxembourg.
  • Les ministères entendent stimuler la transition numérique et l’innovation dans le secteur public en faisant la promotion de technologies comme le big data, la blockchain, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, l’anonymisation des données, etc.

[1] https://f4a.com
[2] https://sante.public.lu/fr/campagnes/2018/systeme-de-sante.html
[3] https://guichet.public.lu/en/myguichet.html
[4] https://digital.gouvernement.lu/en/axes.html

5. Quels sont les cinq conseils que vous donneriez aux hommes politiques pour construire une ville intelligente ?

Un cadre solide pour une ville intelligente peut démystifier la complexité de l’introduction des technologies intelligentes dans une ville. Les responsables de la ville peuvent utiliser ce cadre pour élaborer leurs propres stratégies. Ces stratégies doivent toutefois tenir compte de cinq facteurs clés.

Les 5 conseils utiles : 

1. La vision – Pour garantir la réussite d’un tel projet, les visions relatives à une ville intelligente doivent être ambitieuses, mais spécifiques, avec des critères et des délais clairs pour mesurer le succès.

2. L’écosystème – Les acteurs du secteur public sont essentiels pour rendre les villes plus intelligentes, mais le cloisonnement traditionnel propre aux administrations peut freiner les progrès. Les futures villes intelligentes doivent réunir des personnes capables de résoudre les problèmes et de se projeter au-delà des frontières traditionnelles.

3. La gouvernance – En cherchant à fédérer un écosystème diversifié de parties prenantes, les villes intelligentes ont besoin d’une gouvernance définie : responsabilités articulées, partage approprié des informations avec les décideurs et autorité accordée à ces derniers.

4. Les fondements technologiques – La technologie requise pour chaque ville intelligente sera différente en fonction de ses besoins, mais toutes les villes intelligentes devraient intégrer des bases telles que l’architecture du système, la gouvernance des données, l’interopérabilité et la cybersécurité.

5. Le financement – De nouvelles approches de la gouvernance municipale méritent de nouvelles approches du financement. Le crowdfunding, les financements publics et privés provenant de sociétés communes, les partenariats peuvent compléter les sources traditionnelles de revenus, comme les recettes fiscales et les obligations municipales.

À propos du blog : 

 

Il devient urgent d’opérer une transition rapide vers une durabilité environnementale à l’échelle mondiale. Les entreprises et l'industrie ont d'énormes impacts sociaux et environnementaux. « Pourquoi est-ce important ? »  est un blog bimensuel qui vise à éclaircir ce sujet important à travers le regard de nos experts.


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