Comment se préparer aux tendances futures du monde du travail

Les gens exigent un autre type d’expérience professionnelle.

Tout d’abord, les gens recherchent aujourd’hui des entreprises qui offrent de la flexibilité. C’est de loin la demande la plus pressante des salariés. Elle constitue le nouvel argument majeur. Le salaire est devenu un facteur de confort, et non de différenciation.

Deuxièmement, ils sont avides d’inclusion, de confiance et accordent une importance énorme au bien-être. L’éthique inscrite dans les valeurs de l’entreprise est un élément important, mais le bien-être général est au centre des préoccupations. Le travail n’est pas quelque chose de distinct de la vie, mais il doit correspondre à leur approche de la vie. Les gens considèrent le lieu de travail comme un endroit où ils peuvent se connecter et collaborer, à la fois physiquement et numériquement. Les espaces de rencontre sociale sont aussi importants que les salles de repos, les espaces collaboratifs aussi fondamentaux que le télétravail.

Troisièmement, les gens sont à la recherche d’un but et d’un sens. Le travail doit avoir une finalité plus profonde et doit conduire à un niveau de bonheur plus élevé.

Quatrièmement, les dirigeants doivent être diversifiés, perspicaces et émotionnellement intelligents. Ils doivent s’occuper des autres, les inspirer, les responsabiliser et instaurer des environnements amusants, stimulants et motivants. Les entreprises devront « joindre le geste à la parole », ne pas se contenter d’être les meilleures au monde, mais être les meilleures pour le monde. Les avantages sociétaux mesurables sont aussi importants que les résultats financiers. Leur culture, leurs locaux et leurs pratiques devront être centrés sur l’humain et adaptés au numérique.

Enfin, l’apprentissage et le développement continus sont essentiels pour maintenir l’engagement des personnes.

Il est probable que la moitié des emplois demandés n’existent pas encore aujourd’hui ou auront évolué au point d’être méconnaissables.

Que diriez-vous d’un « data sense-maker » ou d’un « gardien de la culture » ? Il est très clair que l'avenir sera conduit par l'homme et piloté par la technologie. Chaque emploi sera un mélange de compétences humaines spécifiques et de connaissances technologiques. On trouve  des emplois qui aujourd’hui relèvent d’un domaine spécifique et qui s’étendent à la technologie : par exemple, un comptable sera autant un technologue qu’un expert en finance, un recruteur pourra à la fois travailler avec l’intelligence artificielle et avoir fait des études de psychologie... qui sait ?

Je recommanderais à chacun de maîtriser deux domaines, le premier étant sa passion, le second la technologie. Même si vous voulez devenir compositeur, vous devrez être capable de travailler avec la technologie autant qu’avec les instruments. Les compétences recherchées seront toujours la pensée analytique/critique, la communication, la créativité et l’établissement de relations, quel que soit le poste que vous occuperez.

Nous allons très probablement devoir lutter ! Il s’agit avant tout d’une question de démographie, mais d’autres éléments viennent aggraver le problème. L’économie va continuer à exiger un nombre croissant de participants tandis que la concurrence va s’intensifier. Dans dix ans, il sera plus difficile d’attirer les talents qu’aujourd’hui. L’argent perdra une partie de sa force actuelle car les générations qui arrivent sur le marché du travail recherchent plus que de l’argent et de la sécurité : elles veulent donner du sens à leur travail. De plus, l’emploi devra leur apporter du bonheur. Aujourd’hui, peu d’emplois sont spécifiquement conçus à cette fin.

Autre facteur rédhibitoire : le Luxembourg n’est pas à la pointe de la flexibilité en matière de droit du travail. Les employeurs et les employés en pâtissent.

Mais avant tout, le coût du logement empêche les jeunes talents de venir faire carrière au Luxembourg. Je ne pense pas que la question du logement soit résolue de sitôt. Les futurs talents ne viendront pas vivre au Luxembourg si cette situation ne change pas radicalement. Nous le constatons déjà aujourd’hui avec le ralentissement de l’intérêt des Européens de l’Est. Dans peu de temps, c’est pour les citoyens non européens que nous serons les plus attractifs.

Si vous choisissez le bon équilibre entre la flexibilité, le salaire, la charge de travail, l’objectif, le développement et l’évolution de carrière, vous trouverez les talents dont vous avez besoin.

Vous devez regrouper ces éléments sous la forme d’une proposition de valeur à dimension humaine que vous pouvez promouvoir. Toutefois, si l’un de ces éléments est défaillant, vous devrez le contrebalancer par un autre élément, sachant que l’argent n’est qu’une solution à court terme et ne vous sera d’aucun secours sur le long terme. La rétention des talents dépend de la même combinaison, mais il y a deux éléments importants en plus : la culture et le leadership. Ce dernier dicte le premier. La qualité et la force du leadership détermineront la culture dans laquelle les gens s’épanouiront.

Il ne faut pas sous-estimer le rôle du chef ou du cadre de terrain. Sans cette culture, la rétention devient un combat difficile. Sachant que dans une économie de la connaissance, l’investissement dans le perfectionnement des employés est très élevé, la rétention devient le nouveau mode de recrutement.