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17 décembre 2024

Transmission d’entreprise : Quand l’opportunité se présente pour BioScott de racheter son principal concurrent Bakhaus

Lorsque Anne Le Moigne décide de se lancer dans l’entrepreneuriat, elle a déjà plus de 20 années d’expérience dans un domaine totalement différent de celui qui l’attend. Elle passe donc de l’aéronautique et des ressources humaines à la boulangerie pâtisserie, car elle est convaincue que le savoir-faire à la française peut être très apprécié au Luxembourg et elle ne s’est pas trompée ! Lors de notre entretien, nous avons souhaité comprendre son choix de carrière, ainsi que les étapes parcourues en vue de la reprise de BioScott, avec l’accompagnement de notre expert en « Transmission d’entreprise » Franck Alter. Bonne lecture !

Bakhaus, le tout Bio

La boulangerie-pâtisserie Bakhaus a été créée en 1983. Elle se distingue par sa fabrication artisanale et ses produits bio, tels que des petits pains, des viennoiseries, des pâtisseries, ainsi que certains produits de niche, comme des pâtisseries véganes. Elle dispose d’un réseau de partenaires auprès desquels elle commercialise ses produits, parmi eux : Naturata, La Provençale, Alavita, Colabor, Niessen, et Glow. 

Dans notre studio, nous avons donné le micro à Anne Le Moigne, dirigeante de BioScott au Luxembourg. Interview par Irène De Muur

Qui est Anne Le Moigne ?

Anne Le Moigne est issue d’une famille d’entrepreneurs. Ses parents, ses oncles et ses tantes sont tous entrepreneurs. Ses passions étant la pâtisserie et la boulangerie, deux métiers très français mais qui s’exportent bien dans tous les pays du monde, elle s’est dit qu’au Luxembourg il y aurait peut-être l’opportunité de créer une boulangerie-pâtisserie française. C’est ainsi qu’elle crée en 2016 « Tartefine » à Bonnevoie. Elle rachète quelques années plus tard une deuxième entreprise « BioScott » qui a, quant à elle, racheté « Bakhaus ». Et elle a aussi racheté la pâtisserie « Cayotte » à Esch. Aujourd’hui, Anne est à la tête de 3 entreprises distinctes. 

Toutefois, ce n’est pas dès le début de sa carrière qu’Anne se lance dans l’entrepreneuriat, mais quasiment à mi-chemin de son parcours professionnel. En effet, elle débute sa vie professionnelle dans l’aérien en tant qu’hôtesse de l’air, puis gravit les échelons jusqu’à devenir Directrice du personnel navigant. C’est après avoir passé 20 ans dans le secteur aérien que cette française ressent finalement, comme sa famille, l’envie d’entreprendre, de créer quelque chose pour elle-même.

Comment êtes-vous passée du secteur de l’aéronautique et des ressources humaines, à celui de la boulangerie/pâtisserie ?

J’ai débuté ma carrière dans l’aviation en France comme hôtesse de l’air, puis au fil des années j’ai évolué vers les ressources humaines dans ce même secteur. L’un des rôles à grandes responsabilités que j’ai pu exercer, consistait à la formation des équipes et à la mise en application de la règlementation européenne de l’aviation civile auprès des 400 hôtesses et stewards sous ma responsabilité.

Un jour, arrivée à un tournant de ma carrière, je décide de quitter l’aérien en remettant ma démission, sans idée précise de ce que l’avenir me réserverait. Nous négocions donc mon départ avec ma direction, et je saisis cette opportunité pour suivre un CAP en tant que pâtissière, un domaine qui me passionnait depuis longtemps. Par ailleurs, je détiens aussi un diplôme d’auditeur qualité pour l’aviation civile. Ainsi, j’avais deux options pour poursuivre ma carrière : la pâtisserie ou l’audit.

L’opportunité de venir au Luxembourg a été incroyable.

Anne Le Moigne

C’est complètement par hasard que je change de destination, lorsqu’un ami me suggère d’aller au Luxembourg pour travailler dans une compagnie d’aviation d’affaires et devenir instructrice. Connaissant bien ce rôle, je me lance alors dans l’expérience pendant une brève période, puis retourne ensuite dans les ressources humaines, pour finalement donner un tout autre sens à ma carrière. Au bout de 20 ans passés dans ce secteur, j’étais prête à quitter l’aviation pour de bon avec une seule idée en tête : créer ma propre entreprise.

Je me suis ainsi rapprochée de la Chambre de Commerce afin d’être aiguillée dans mon envie d’entreprendre et j’ai suivi le programme « Fit4entrepreneurship » qui m’a permis de comprendre comment fonctionnait le Luxembourg, comment créer une entreprise, etc. 

À la suite de cette belle expérience, j’ai créé en 2016 ma première boulangerie-pâtisserie « Tartefine » à Bonnevoie. Puis en 2018, j’ai eu la possibilité d’acquérir la boulangerie-pâtisserie Bio « Scott » à Gasperich avec pour objectif de la développer.

L’opportunité de reprise d’entreprise. Qu’est-ce qui vous a poussée à vouloir reprendre la société « Oiko-Bakhaus » sous « BioScott » ?

Je me suis vite rendu compte que mon site de fabrication était devenu trop petit pour répondre à la forte demande et j’ai donc commencé à chercher de nouveaux locaux pour pouvoir augmenter ma capacité de production. Autant dire que trouver une surface de 700 à 1000 m² est très onéreux et difficile à trouver. De ce fait, je saisissais chaque occasion de faire part à mon réseau de mon besoin d’espace, afin de pouvoir prendre connaissance au plus vite d’éventuelles opportunités pouvant convenir. Puis un jour, mon téléphone sonne, avec à l’autre bout du fil, mon concurrent principal qui me propose de reprendre sa société « Bakhaus ».

Je n’avais pas pensé à reprendre une société étant donné que je recherchais simplement des locaux plus grands. Je ne savais pas non plus que mon concurrent principal allait partir en retraite. Toutefois, reprendre une entreprise était pour moi moins risqué, étant donné qu’en rachetant « Bakhaus », je reprenais une entreprise bien équipée, qui avait déjà un chiffre d’affaires et des clients. En effet, « Bakhaus » disposait d’un atelier récemment rénové d’une surface de plus de 700 m² à Munsbach et ses clients n’étaient pas des moindres : Naturata, La Provençale, Alavita, … 

Nous avons donc entamé les discussions et j’ai racheté l’entreprise au 1er janvier 2024, seulement deux mois après notre mise en relation. 

Le Luxembourg est un tout petit pays et de bouche-à-oreille, les gens ont su que je cherchais un local, dont mon concurrent principal.

Anne Le Moigne

Votre touche personnelle. Quels changements avez-vous apporté lors de la reprise ?

Lors de la reprise, je tenais à bénéficier de certaines conditions, notamment en ce qui concerne le volet commercial. Étant donné que « Bakhaus » avait des relations privilégiées avec certains fournisseurs, il fallait qu’au moment de la reprise de la société, ces derniers me soutiennent dans ma démarche afin de pouvoir développer ensemble de nouveaux produits et permettre une collaboration fructueuse ainsi qu’un bon développement de la société. 

Nous sommes donc devenus le fournisseur privilégié pour plusieurs d’entre eux, ce qui m’a permis de développer l’entreprise et la faire grandir. Mon souhait étant de travailler avec des acteurs locaux « Made in Luxembourg », je me suis tournée vers de nouveaux agriculteurs qui me permettent d’obtenir de la matière première luxembourgeoise, telle que les œufs et la farine. J’ai d’ailleurs pu mettre en place de nouveaux produits, tels que des Boxmännchen 100% épeautre luxembourgeois. 

L’axe de développement que je souhaite mettre en place pour « BioScott », ce sont des relations commerciales avec les acteurs économiques luxembourgeois, le développement de nouveaux produits, ainsi que l’exportation.

Anne Le Moigne

De plus, je me suis entourée de deux nouvelles collaboratrices qui m’aident dans l’administratif et la communication, deux éléments très importants, ce qui me permet de libérer du temps afin de définir une vision claire pour l’entreprise. Ainsi, je me suis rendu compte qu’il fallait investir dans notre infrastructure en créant une cuisine supplémentaire ainsi qu’un espace de stockage négatif, pour permettre de développer une gamme de produits surgelés pour nos partenaires locaux et futurs clients européens. 

Nous sommes vraiment à l’écoute de nos clients, c’est pourquoi j’interroge régulièrement mes vendeuses sur le ressenti des clients et ce qu’ils souhaitent. En parallèle, je réalise une veille concurrentielle sur ce qui est fait sur le marché, puis nous décidons de créer une nouvelle gamme, ou pas. Je suis en relation constante avec nos partenaires, afin d’avoir les retours de leurs magasins quant aux demandes des clients. Nous testons, par exemple, les produits végans, sans gluten, et si les produits plaisent nous les produisons à plus grande échelle.

L’acquisition de la société. Quelles étapes avez-vous dû parcourir pour que la transmission d’entreprise se passe au mieux ?

La toute première étape a été de discuter avec le vendeur afin de se mettre d’accord sur les conditions de la reprise. Par la suite, nous avons dû voir avec quel partenaire bancaire travailler et étant donné que « Bakhaus » travaillait avec Spuerkeess, le gérant m’a fait rencontrer son banquier et nous avons géré cela tous ensemble.

Ma plus grosse inquiétude n’était pas le volet bancaire, mais de mettre en place les deux équipes. Donc, une fois le volet commercial clarifié, le partenaire bancaire choisi, c’est le côté humain qui m’a le plus occupée

En effet, lorsque nous avons repris « Bakhaus » et ses employés, notre équipe de « BioScott » s’est installée avec l’équipe de « Bakhaus » dans leurs locaux à Munsbach, sans se connaître. Ils ne s’étaient encore jamais rencontrés, et bien que nous ayons des produits qui se ressemblaient énormément, nos recettes étaient différentes. J’ai donc interrogé tout le personnel, afin qu’on liste les meilleures recettes et le savoir-faire de chacun pour garder le meilleur.

Je dois dire que la reprise a été vraiment très facile, administrativement parlant.

Anne Le Moigne

Cela a été une grosse étape que de mettre le personnel ensemble, pour recréer des recettes propres à cette nouvelle entreprise et la faire fonctionner. Il aura fallu pratiquement 6 mois pour que tout le monde s’adapte, ce qui a été un travail de relations humaines très intense mais qui s’est très bien passé. 

Nous avons doublé notre personnel et notre chiffre d’affaires aussi.

Anne Le Moigne

La relation bancaire. Quels critères ont été décisifs dans le choix de votre banque ?

J’étais cliente auprès de Spuerkeess pour le volet privé, mais il est vrai que je ne connaissais pas du tout la Spuerkeess pour le volet des entreprises. Toutefois, le vendeur travaillant depuis de longues années avec Spuerkeess, cela s’est fait tout naturellement.

J’ai été agréablement surprise par l’accueil reçu et le dynamisme déployé par Spuerkeess pour la mise en œuvre de cette transaction, qui s’est faite très rapidement. J’ai été ravie car, en seulement trois mois, tout était signé. 

Une entreprise, ce sont des hauts et des bas, et tout dirigeant doit considérer son banquier comme son partenaire, car c’est sa banque qui soutient le développement de son entreprise et l’aide dans ses nouveaux investissements.

Anne Le Moigne

Le conseil d’Anne aux futurs repreneurs d’entreprise

Vis-à-vis d’une banque, il est toujours plus facile de reprendre une entreprise que d'en créer une, car vous avez déjà un bilan, vous connaissez l’entreprise et si vous ne faites pas trop d’erreurs, cela devrait fonctionner. C’est un modèle plus sûr qu’une création d’entreprise. Toutefois pour que cela fonctionne, il faut que le repreneur ne soit pas trop gourmand afin que vous puissiez racheter l’entreprise et qu’elle puisse rembourser le prêt. L’entreprise doit donc être viable et dégager des bénéfices. 

Le vendeur, quant à lui, doit rester cohérent par rapport au marché et au fait que le repreneur va s’endetter. Aujourd’hui, les taux sont tout de même élevés, ce qui va impacter l’entreprise et lui ajouter une charge supplémentaire.

Il faut qu’il y ait une véritable et belle collaboration entre le transmetteur et le repreneur pour la réussite de la transmission.

Anne Le Moigne

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