Êtes-vous curieux de savoir comment vos choix financiers peuvent réellement contribuer à la lutte contre le changement climatique ? Voulez-vous découvrir les initiatives innovantes mises en place au Luxembourg pour promouvoir la finance durable ? Dans cette interview, Laetitia Hamon, Head of Sustainable Finance à la Bourse de Luxembourg, partage ses idées et expériences sur ce sujet crucial. Pour comprendre comment vous pouvez faire la différence et être un acteur du changement vers un avenir plus durable, lisez cet article.
L'importance de l’investissement éthique dans le secteur bancaire et comment l’améliorer ?
Le secteur financier peut contribuer au pacte vert pour l’Europe en évitant les investissements négatifs et en favorisant la finance durable. La coopération entre Spuerkeess et etika existe déjà depuis 1996. Dans le contexte actuel, les activités économiques durables restent une priorité. Nous nous sommes entretenus avec Ekkehart Schmidt d’etika , qui nous a décrit les développements actuels et évoqué cinq conseils utiles sur la manière de faire progresser tout changement durable dans l’industrie financière.
1. Quels principes éthiques devraient être pris en compte dans les décisions d’investissement et comment les banques durables peuvent-elles contribuer à les mettre en œuvre ?
Dans ce cas, le terme « éthique » devrait signifier investir de manière responsable socialement et écologiquement, c’est-à-dire prendre des décisions d’investissement non pas uniquement axées sur le rendement, mais également sur les valeurs. Au minimum, il faut appliquer certains critères d’exclusion. De nombreuses banques conventionnelles y ont recours aujourd’hui. Par exemple, elles n’investissent plus dans l’industrie de l’armement - mais toujours dans les énergies fossiles. En revanche, les banques vertes et sociales investissent exclusivement dans des projets ou des produits durables (sélection positive). Elles offrent à leurs clients, soucieux de valeurs comme l’équité ou d’objectifs comme la lutte contre la crise climatique, une transparence à ce sujet.
Dans le modèle économique des banques durables, plus des deux tiers de l’argent qui leur est confié sous différentes formes par les clients, sont redistribués sous forme de crédits à l’économie réelle, et ce selon des critères éthiques et écologiques. Le reste est affecté aux fonds propres en raison de contraintes de solvabilité. Cela est rendu possible parce que les clients placent l’« impact » au-dessus du rendement.
Le modèle économique des banques conventionnelles est très différent : Pour elles, la part des crédits est nettement plus faible. Une grande partie de leurs activités est spéculative. Elles investissent aujourd’hui en priorité sur les marchés financiers en achetant et en vendant des produits financiers tels que des parts de fonds, des produits dérivés, des actions et des obligations - si possible en réalisant des bénéfices. Par contre, les banques se sont plutôt désengagées de l’économie réelle. Les attentes en matière de rendement sont déterminantes, tandis que le souci de l’intérêt général passe au second plan.
2. Comment l’industrie financière peut-elle contribuer à la « transformation juste » et au « grand changement » dans le cadre du pacte vert européen ?
En s’inspirant tout simplement davantage des pratiques déjà établies des banques durables. En premier lieu : En évitant les investissements qui entraînent des incidences négatives. De même, l’accord de Paris sur le climat a fixé en 2015, l’objectif de réorienter les flux financiers mondiaux vers des industries à faibles émissions de carbone.
Les acteurs de la société civile et de la politique ont depuis lors appelé à la concrétisation de cet objectif. Le pacte vert constitue désormais l’engagement politique des 27 États membres de l’UE, qui est entré en vigueur en 2021, visant à réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2050 et à devenir le premier continent neutre en carbone.
Pour ce faire, il comprend des mesures allant de l’approvisionnement en énergie à la régulation des marchés financiers (la « finance durable ») en passant par les transports, afin de réduire les émissions de CO2 de l’UE d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990.
Le règlement sur la taxinomie a créé en 2020 la première « liste verte » mondiale pour les activités économiques durables – un système de classification que les investisseurs peuvent utiliser pour investir dans des projets durables.
Le secteur financier a réagi à la pression croissante en faveur de la décarbonation en commercialisant des produits financiers réputés nouveaux et durables. On a assisté à une forte augmentation des investissements dits ESG, c’est-à-dire des produits financiers qui tiennent compte de critères environnementaux, sociaux et de la gouvernance d’entreprise. Mais « tenir compte » ne signifie toutefois pas exclure les investissements nuisibles.
L’UE ne veut désormais plus tolérer les fortes tendances au « greenwashing » qui en découlent, car elles mettent en péril les objectifs du pacte vert. Les labels universels ont pour but de remplacer les affirmations de durabilité floues. Il convient de contrecarrer la tendance selon laquelle de nombreux fonds sont désormais conformes aux critères ESG alors que leur politique d’investissement n’a guère changé.
3. Quelle est la différence entre les investissements dans les fonds « verts » et les investissements dans l’économie réelle, et pourquoi ces derniers devraient-ils être davantage sollicités ?
Sur la place financière luxembourgeoise, on annonce fièrement que 73 % des fonds d’investissement domiciliés ici, sont déjà « durables ». Le Luxembourg assume ainsi sa part de responsabilité à l’échelle mondiale. Cela donne l’impression que la redistribution des flux financiers, dont on parle tant, est en bonne voie. Mais où investissent précisément ces fonds prétendument verts ? Principalement sur les marchés d’actions mondiaux. Cela n’a guère d’impact sur l’économie réelle.
C’est un malentendu de croire que lorsqu’on achète une action d’une société en bourse, qu’il y a aussi un transfert direct d’argent vers cette société. On ne fait qu’acheter l’action à un autre acteur du marché. L’entreprise elle-même ne profite pas de cette opération d’échange.
Il n’en va autrement que lors d’une introduction en bourse. Dans ce cas, il y a effectivement un transfert direct de capitaux. Par la suite, les transactions ne concernent l’entreprise que de manière indirecte. Pour exercer une réelle influence avec son argent, il faut chercher des possibilités d’investissement qui ont une incidence sur l’économie réelle. Cela passe avant tout par le marché primaire ou par les crédits qui profitent aux entreprises et projets durables.
etika est heureuse de pouvoir proposer - en collaboration avec Spuerkeess - un produit de ce type avec le compte d’épargne alternatif.
4. Quels effets les investissements dans l’économie réelle peuvent-ils avoir par rapport aux marchés secondaires, notamment en ce qui concerne les aspects environnementaux et sociaux ?
Ces investissements sont généralement des prêts, voire l’acquisition de capitaux propres d’entreprises qui poursuivent un objectif précis : la production de biens, l’offre de services ou la construction de logements. Les crédits d’investissement servent souvent à construire des bâtiments ou à acheter des machines. Ainsi, lorsqu’un agriculteur construit une grange ou un entrepôt par exemple, la construction est réalisée par des artisans de la région en préconisant des matériaux locaux. L’économie locale en profite et la commune ou l’État en fait de même via les recettes fiscales.
Si, comme pour tous les projets financés par Spuerkeess et etika, l’objectif de l’emprunteur est social ou écologique, il en résulte un effet positif pour le bien commun du pays. Les crédits accordés aux agriculteurs biologiques aident à préserver la biodiversité et les crédits accordés aux institutions sociales permettent de réduire les inégalités ou de redonner du travail aux gens. Tout le monde en profite, même si certains ne s’en rendent pas compte directement.
5 conseils utiles
pour promouvoir un changement durable dans l’industrie financière :
- Ne soyez pas crédules face au marketing des acteurs des marchés financiers.
- Regardez attentivement si le produit dans lequel vous souhaitez investir a un effet sur l’économie réelle.
- Faites-vous expliquer précisément la politique d’investissement concernée.
- Réfléchissez bien au rapport entre vos idées éthiques et vos objectifs de durabilité et vos attentes en matière de rendement.
- Consultez également les offres des banques durables et le compte d’épargne alternative de Spuerkeess et etika.
À propos du blog :
Il devient urgent d’opérer une transition rapide vers une durabilité environnementale à l’échelle mondiale. Les entreprises et l'industrie ont d'énormes impacts sociaux et environnementaux. « Pourquoi est-ce important ? » est un blog bimensuel qui vise à éclaircir ce sujet important à travers le regard de nos experts.
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