Êtes-vous curieux de savoir comment vos choix financiers peuvent réellement contribuer à la lutte contre le changement climatique ? Voulez-vous découvrir les initiatives innovantes mises en place au Luxembourg pour promouvoir la finance durable ? Dans cette interview, Laetitia Hamon, Head of Sustainable Finance à la Bourse de Luxembourg, partage ses idées et expériences sur ce sujet crucial. Pour comprendre comment vous pouvez faire la différence et être un acteur du changement vers un avenir plus durable, lisez cet article.
La « data literacy » ou culture des données et comment la développer ?
À l’ère du numérique, la data literacy maîtrise/culture des données occupe une place de plus en plus importante. Elle fait référence à la capacité de comprendre, d’interpréter et de communiquer efficacement avec les données. Dans un monde où des données sont constamment générées et utilisées en vue d’éclairer la prise de décision, il est essentiel pour les individus comme pour les entreprises de s’approprier les compétences nécessaires. Quels aspects importent dans ce domaine ? Nous nous sommes entretenus avec Bernard de Villepin, Data & AI Manager et Business Coach chez PwC Luxembourg, qui nous a donné un aperçu de la culture des données ainsi que cinq conseils utiles nos lecteurs qui souhaitent améliorer leurs compétences en data literacy.
1. Qu’est-ce que la culture des données, en quoi est-elle importante et quels sont les exemples d’une bonne culture des données ?
La culture des données est une composante essentielle du monde de demain, qui sera axé sur les données. Au sens large, elle désigne la capacité à lire, comprendre, créer et communiquer efficacement des informations à partir de données. Il s’agit d’une compétence devenue fondamentale pour les employés à tous les niveaux et dans tous les domaines, car elle implique pour eux de remplir leurs fonctions professionnelles tout en appliquant de nouvelles méthodes efficaces de traitement des données.
Il faut également reconnaître que la culture des données comporte deux facettes. La première facette concerne l’aptitude à mettre à profit les données : lire, travailler avec, analyser et communiquer. La seconde porte sur la responsabilité : respecter la réglementation relative aux données, assurer la qualité et la protection des données, et suivre les règles de gouvernance en la matière.
En pratique, la culture des données peut entrer en jeu de différentes manières.
On peut alors se demander :
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Est-il possible d’automatiser certaines tâches grâce aux données ?
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Est-il possible d’améliorer des produits ou services pour les clients en exploitant les données les concernant ?
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Dans quelle mesure peut-on améliorer la prise de décision grâce aux données ?
Basée sur des données fiables, la culture des données permet entre autres d’accroître l’efficacité de l’évaluation des risques et des analyses stratégiques, ainsi qu’une segmentation de la clientèle. Par conséquent, la culture des données donne aux employés les moyens d’exploiter les données de manière efficace, améliorant ainsi l’expérience client, l’efficacité opérationnelle et la conformité aux normes réglementaires. À mesure que les secteurs évoluent, l’importance de la culture des données en tant que facteur clé au sein de l’activité des entreprises devrait connaître une progression exponentielle.
2. Les données sont en constante évolution. Comment les responsables accomplis s’assurent-ils de l’accessibilité des données dans l’ensemble de l’entreprise ?
La question de l’évolution des données et de leur accessibilité au sein d’une organisation est au cœur de mon expertise. Complexe, elle englobe des fonctions, des personnes et des processus divers. Prenons un peu de recul pour mieux comprendre. Dans de nombreuses entreprises luxembourgeoises, seules quelques personnes sont en charge de la gestion des données. Elles rencontrent fréquemment des difficultés à rendre les données accessibles dans l’ensemble de leur organisation, notamment des problèmes de qualité des données, une culture limitée et une gestion insuffisante des données, et des transformations digitales en cours dépourvus d’une stratégie cohérente dans ce domaine. Dans ces conditions, les responsables d’entreprise ne bénéficient pas d’un accès optimal à des données fiables et sécurisées. Il incombe aux parties prenantes chargées des données – comme les Chief Data Officers, les Data Factory Leaders, les Data Protection Officers – de s’assurer qu’elles sont accessibles, fiables et protégées dans l’ensemble de l’entreprise.
Il est toutefois important de noter que, pour tirer profit de la culture des données, il n’est pas nécessaire de disposer au préalable de processus, d’une gouvernance et d’une architecture des données parfaits. L’amélioration de la gestion des données est un voyage, pas une destination. Quiconque manipulant la moindre petite quantité de données peut commencer à réfléchir à la manière d’accomplir ses tâches plus efficacement en tirant parti des données dans ses activités quotidiennes. Enfin, il convient de souligner les progrès réalisés au Luxembourg ces dernières années. Les entreprises du pays ont une meilleure compréhension des données et de leurs applications. Observer cette évolution chez nos clients me remplit d’optimisme pour l’avenir.
3. Comment la plupart des entreprises renforcent-elles leur culture des données et quels sont les obstacles à surmonter ?
Parmi les stratégies efficaces pour renforcer la culture des données figurent souvent des programmes de formation complets, du mentorat et le déploiement d’outils conviviaux permettant d’utiliser, d’automatiser ou de visualiser les données. Les programmes de formation doivent être adaptés aux différents niveaux de compétences, car tout le monde n’est pas prêt à développer un état d’esprit axé sur les données. Le mentorat et l’apprentissage par les pairs favorisent un environnement collaboratif de transmission des connaissances, ce qui garantit un processus cohérent de perfectionnement des compétences en matière de données dans l’ensemble de l’organisation. L’intégration d’outils conviviaux contribue également à démystifier l’univers des données, le mettant ainsi à la portée d’un plus grand nombre d’employés.
Cependant, ce processus de démocratisation du domaine des données n’est pas sans embûche. Il est essentiel de laisser aux employés le temps nécessaire pour s’adapter aux nouvelles méthodes basées sur les données. Ils seront ainsi en mesure d’explorer et d’appliquer efficacement ces méthodes dans le cadre de leurs fonctions. Submerger le personnel d’informations ou d’outils sans le former se révèle rapidement contre-productif, et peut mener à la confusion et au désengagement. Une application pratique des compétences acquises est également nécessaire pour renforcer l’efficacité de la formation et l’adapter aux tâches quotidiennes. Par ailleurs, toute initiative visant à améliorer la culture des données doit être en harmonie avec la culture de l’entreprise et soutenue activement par la direction générale et par une vision stratégique claire. Une approche holistique favorisant un bon équilibre entre développement des compétences, application pratique et intégration culturelle est essentielle pour la réussite d’une formation sur les données destinée aux employés.
4. Quels sont les niveaux actuels de culture des données des entreprises luxembourgeoises ? Comment nous situons-nous par rapport au reste de l’Europe ?
À l’heure actuelle, il n’existe aucun rapport spécifique à la disposition du grand public détaillant les niveaux exacts de culture des données au sein des entreprises luxembourgeoises comparés au reste de l’Europe. L’indice de l’économie et de la société numériques (DESI) de l’Union européenne mentionne la culture numérique (digital literacy), pour laquelle le Luxembourg se classe 6e, mais celle-ci n’est pas directement lié à la culture des données. Pour mettre les choses en perspective, la culture high-tech n’a cessé d’évoluer au cours des 50 dernières années. Cela a commencé par la culture informatique, puis la culture Internet et des logiciels, puis la culture digitale, puis la culture des données de nos jours et la culture de l’IA demain.
Toutefois, les informations relatives à la culture des données recueillies sur les marchés américain et britannique correspondent aux tendances observées au Luxembourg. Lorsqu’il est demandé aux dirigeants quelles compétences sont devenues les plus importantes pour leur équipe ou leur département au cours des cinq dernières années, trois des cinq ensembles de compétences affichant les expansions les plus rapides au Royaume-Uni et aux États-Unis étaient les compétences liées aux données : la veille économique (41 %), la science des données (37 %) et les compétences de base en matière de culture des données (30 %).
Le Luxembourg étant un pays développé à revenu élevé, fortement axé sur la finance et la technologie, on peut raisonnablement en déduire que les niveaux de culture des données sont relativement corrects, en particulier dans des secteurs tels que la banque et la finance. Malgré tout, 54 % des dirigeants au Royaume-Uni et aux États-Unis estiment que leur entreprise présente un déficit de compétences en culture des données qui doit être comblé.
Enfin, chez PwC, nous avons observé une progression considérable de la culture des données au Luxembourg ces dix dernières années, ce qui nous rend optimistes pour l’avenir. Avec la démocratisation prochaine de l’intelligence artificielle, il sera indispensable de disposer de données fiables pour garantir le succès de l’IA, ce qui suggère une évolution imminente vers la culture de l’IA, soutenue par la culture des données.
5 conseils utiles pour améliorer votre culture des données :
- Commencez par comprendre les concepts fondamentaux liés aux données, notamment les types de données, les statistiques de base et les principes de visualisation des données.
- N’ayez pas peur de tester, d’essayer et de découvrir de nouvelles façons de traiter les données.
- Approfondissez continuellement votre compréhension des données.
- Adoptez l'habitude d’utiliser les données pour formuler des décisions éclairées. Cela implique de garder un œil critique sur les informations collectées, d’identifier les tendances et de tirer des renseignements utiles des données exploitées.
- Échangez avec une communauté de pairs et d’experts pour bénéficier de perspectives et d’idées diverses. Ceux qui pensent que le monde va trop vite seront surpris de voir à quel point l’intelligence artificielle, une fois démocratisée, accélérera tous les aspects de leurs activités.
À propos du blog :
Il devient urgent d’opérer une transition rapide vers une durabilité environnementale à l’échelle mondiale. Les entreprises et l'industrie ont d'énormes impacts sociaux et environnementaux. « Pourquoi est-ce important ? » est un blog bimensuel qui vise à éclaircir ce sujet important à travers le regard de nos experts.
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