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Evergreens Insights : Les conseils d’Anne-Marie Loesch sur les défis de la durabilité

Dans cet extrait du podcast « Evergreens by Spuerkeess », nous partageons le point de vue d'Anne-Marie Loesch, Head of Sustainability & Business Development de la « House of Sustainability », sur l’importance de la durabilité et l’accompagnement des entreprises vers une transition énergétique réussie. Découvrez ses conseils pour une mise en application efficace et les stratégies qui permettent de construire une entreprise durable et résiliente.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est la durabilité et pourquoi elle est cruciale pour les entreprises aujourd’hui ?

La durabilité en entreprise consiste à intégrer les dimensions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans les stratégies, les processus et la gouvernance globale de l’organisation. Elle englobe notamment la réduction de l’empreinte environnementale, la prise en compte des enjeux sociaux (conditions de travail, diversité, impact sur les communautés) et l’adoption de pratiques de gouvernance responsables et transparentes.

Ces dernières années, les entreprises évoluent dans un environnement marqué par des attentes et des exigences croissantes de la part de leurs clients, investisseurs, employés et autres parties prenantes. Ces derniers attendent des engagements concrets pour limiter l’impact environnemental des activités et générer un impact social positif. À l’ère du pacte vert (« Green Deal »), l’Union Européenne s’est fixée des objectifs climatiques ambitieux pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour accompagner cette transition écologique, elle a mis en place plusieurs directives, dont la « Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) ». Cette directive vise à renforcer la transparence des entreprises sur leurs performances ESG et à accélérer leur transformation vers des modèles économiques plus durables.

Quels sont les principaux objectifs de cette directive et comment impacte-t-elle les entreprises ?

La « Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) » vise à améliorer la transparence des entreprises en matière de durabilité et à simplifier l’accès aux données ESG que les banques, investisseurs et autres parties prenantes nécessitent. L’objectif est de faciliter la redirection des capitaux vers des investissements durables, en s’appuyant sur des informations fiables, comparables et standardisées.

Pour atteindre ces objectifs, la CSRD introduit des normes européennes de reporting de durabilité, les « European Sustainability Reporting Standards (ESRS) ». Ces normes permettent de structurer les données ESG de manière harmonisée à travers l’Europe, facilitant ainsi leur comparaison entre les entreprises et les secteurs. La directive instaure également une obligation d’audit des informations publiées, afin d’en garantir la fiabilité et d’éviter le « greenwashing ».

Initialement, la CSRD devait concerner plus de 40.000 entreprises en Europe. Toutefois, avec le projet de directive Omnibus, une réduction significative du périmètre d’application directe est envisagée, accompagnée d'un report dans le temps. Malgré cela, de nombreuses entreprises hors du champ d’application direct continueront à être indirectement concernées : elles recevront des demandes d’informations ESG de la part de leurs clients, partenaires commerciaux, banques ou encore grands donneurs d’ordre soumis à la CSRD. Pour ces entreprises hors du périmètre, un standard volontaire, appelé « Voluntary Standards for non-listed SMEs (VSME) », est en cours de développement. Celui-ci a pour objectif de leur permettre de réaliser un reporting ESG unique et allégé, en réponse aux multiples sollicitations actuelles, souvent chronophages et coûteuses en ressources.

Concrètement, comment les entreprises peuvent-elles mettre en œuvre des actions de durabilité qui créent de la valeur ?

Je pense qu’il faut voir la durabilité avant tout comme un levier de performance. Par exemple, améliorer la gestion de l’énergie et des déchets ou investir dans les énergies renouvelables permet de réduire la dépendance aux prix fluctuants, tout en réalisant des économies significatives — d’autant plus que des programmes d’aides publiques attractifs, permettent d’accélérer le retour sur investissement. Cela montre que l’on peut allier performance financière et protection du climat.

Sur le plan social, investir dans des mesures de formation, de bien-être au travail ou dans des dispositifs, favorisant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, peut avoir un effet très positif sur la motivation et l’engagement des collaborateurs, ce qui renforce la performance globale de l’entreprise.

Plus largement, la durabilité peut être considérée comme un levier de transformation, qui renforce la compétitivité et la résilience des organisations sur le long terme, tout en leur permettant de s’adapter à un monde en profonde mutation.

Quelles sont les démarches à entreprendre ?

Cela dépend de la maturité de l'entreprise sur le sujet. Certaines entreprises ont déjà des échanges établis avec nous, tandis que d'autres initient leur démarche avec leur banque concernant la question de la durabilité. À la « House of Sustainability », nous mettons en place des formats d’information et de sensibilisation autour des sujets de durabilité, et nous mettons en œuvre des programmes de formations avec la « House of Training » autour de thématiques diverses, telles que la décarbonation, l’économie circulaire, le reporting de durabilité, l’innovation durable, et bien d’autres. Avec le ministère de l’Économie, nous opérationnalisons des programmes de financement pour soutenir les entreprises dans leurs projets de durabilité, par exemple pour réaliser des diagnostics ou investir dans des projets qui améliorent leur empreinte environnementale. À côté de notre offre de service propre, nous redirigeons également vers les offres de nos partenaires dans l’écosystème et sommes donc bien placés pour prendre en charge des participants au programme « Transition Enabler » de Spuerkeess et de les accompagner dans l’amélioration de leur performance ESG.

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises pour intégrer la durabilité dans leur stratégie ?

Tout d’abord, je conseillerais aux entreprises d’être curieuses et de se faire une image de leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance. Une première étape concrète peut être de répondre au questionnaire du « Transition Enabler », basé sur les standards VSME, qui offre un cadre standardisé. Ainsi, l’entreprise pourra identifier les leviers d’action les plus pertinents, adaptés à la fois au secteur d’activité et aux spécificités internes de chaque organisation. Il faut garder en tête qu’une démarche de développement durable n’est jamais un schéma universel à appliquer partout, mais bien une démarche sur mesure, construite en fonction des enjeux propres à chaque entreprise. Je dirais aussi qu’il faut prioriser lorsqu’on se lance sur ce chemin, ne pas se perdre à vouloir tout faire d’un coup, mais agir là où on peut vraiment faire une différence. Enfin, il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur les outils existants, les formations, les programmes de financement, les labels et la guidance proposée au niveau national pour avancer concrètement sur le chemin de la durabilité.

 

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