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Editorial Janvier 2025

Retour vers le futur

Une fois n’est pas coutume : je casse les codes de cet éditorial en décidant de m’aventurer sur un terrain qui n’est pas vraiment le mien. Vous allez très vite comprendre où je veux en venir.

Il y a quelques mois, lors d’une conférence, j’ai eu la chance de faire la connaissance de Mme Tina Fordham, stratégiste géopolitique de renom. La géopolitique, c’est le caillou dans la chaussure des économistes et des stratégistes au moment d’établir leurs prévisions économiques et financières. Pour quelle raison en est-il ainsi ? Tout simplement parce qu’ils ont l’impression que de nombreux faits géopolitiques surviennent de façon totalement impromptue.

Qui plus est, ces phénomènes « extraordinaires » semblent se multiplier ces dernières années, faisant dégringoler rapidement les prévisions économiques et financières aux oubliettes. Les exemples ne manquent pas : citons pèle mêle la guerre russo-ukrainienne, le conflit israélo-palestinien, impliquant entre autres l’Iran et le Liban, la chute de Bachar al-Assad en Syrie, la prise d’influence de la Russie en Géorgie, la convoitise des États-Unis à l’égard du Canal de Panama et du Groenland, les rodomontades de la Chine envers Taiwan, et j’en passe.

Une des thèses de Mme Fordham conteste le caractère exceptionnel de ces phénomènes. D’ailleurs, elle estime que depuis 1989, la scène géopolitique s’est révélée exceptionnellement paisible.

En effet, la chute du mur de Berlin, étape ultime de la fin d’une ère d’opposition entre deux super puissances mondiales, a laissé un grand vide. Finalement, l’exception est devenue la règle, dans un contexte où s’ouvrait un champ des possibles sans opposition. Soit dit en passant, l’élite dirigeante occidentale actuelle n’a pratiquement connu que cet exceptionnel moment de paix, et les provocations actuelles lui sont aussi totalement étrangères qu’inconfortables.

Outre le vif intérêt qu’elle suscite, la thèse de Tina Fordham est également étayée par les deux grandes guerres mondiales survenues en l’espace d’une trentaine d’année au début et au milieu du siècle dernier. Ainsi, force serait de constater que ce que nous vivons ces dernières années sur la scène géopolitique n’est pas l’exception, mais plutôt la normalité entre les nations. D’aussi loin que je me souvienne, l’histoire de l’humanité regorge de récits plus ou moins houleux dans lesquels un souverain, pour des raisons économiques, des motivations religieuses ou encore des besoins d’asseoir son autorité a convoité verbalement ou concrètement les biens d’autres États souverains. Les événements récents s’ajoutent à ceux du passé, témoignant ostensiblement du fait que ce trait de caractère de l’humanité n’a pas disparu de la surface du globe ces 35 dernières années.

En définitive, nous devrons sans doute apprendre à nous accoutumer à une scène géopolitique agitée dans des intervalles plus rapprochés, générant une sensation d’inconfort … mais c’est là qu’est la règle, et non l’exception, dans l’histoire de l’humanité. Néanmoins, ces temps ne sont pas seulement divulgateurs du pire, puisqu’ils ont toujours également révélé le meilleur de l’être humain. Et fait naître autant d’opportunités, dans la vraie vie et sur les marchés.

Carlo Stronck
Conducting Officer & Managing Director 
Spuerkeess Asset Management

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