Editorial Avril 2025
“Mon style est assez simple, et direct. Je vise très haut, puis je ne cesse de pousser, pousser, pousser pour obtenir ce que je veux.”
Voici à quoi ressemble la philosophie de vie d’un enfant gâté, et qui est en réalité l’analyse que dresse Donald Trump de son propre comportement dans son livre The Art of Deal.
Si certains pensent que cet égocentrisme est la seule véritable raison des droits de douane imposés actuellement, ils font fi d’un argumentaire économique qui demeure en toile de fond. En effet, si Donald Trump impose des droits de douane massifs sur des centaines de milliards de dollars de produits importés, notamment depuis la Chine, c’est parce qu’il souhaite par-dessus tout protéger les industries américaines, réduire le déficit commercial et rapatrier la production sur le sol national.
Qui paie les frais d’une telle transformation ?
Cette vision économique est alimentée par le travail de l’économiste Stephen Miran. Trump a nommé Miran candidat à la Présidence du Conseil des conseillers économiques, qui élabore les recommandations économiques formulées au Président américain.
Dans l’essai A User’s Guide to Restructuring the Global Trading System, Miran s’oppose ouvertement au libre-échange multilatéral (tel que défini par les règles de l’Organisation Mondial du Commerce) et propose de substituer à cette approche des accords bilatéraux. Il recommande d'utiliser les droits de douane, les quotas ou les subventions de manière ciblée, comme outils de politique industrielle et de sécurité nationale. L’objectif est de bâtir un nouveau cadre commercial qui favorise la résilience économique, la souveraineté nationale et la stabilité géopolitique.
En définitive, il ne s’agit absolument pas d’améliorer l’efficience du marché mondial. En revanche, le but est bel et bien de créer une Amérique plus résiliente, plus souveraine et stable.
Selon le scénario de Donald Trump, les payeurs sont ceux qui abusent des États-Unis depuis toujours. La Chine se retrouve clairement en ligne de mire, et devrait payer cher pour ses pratiques commerciales.
Pourtant, une étude du professeur Brent Neiman montre que ce scénario n’est pas vérifié sur le terrain. En réalité, une grande partie des droits de douane retombent sur le dos de l’importateur américain, autrement dit, sur les consommateurs et les entreprises américaines. Par ailleurs, les droits de douane sont susceptibles de complètement désorganiser les chaînes d’approvisionnement, sans pour autant atteindre l’objectif de générer un retour massif de la fabrication aux États-Unis.
À force de pousser, pousser et de pousser encore pour une Amérique plus « great », il se pourrait que l’Amérique se retrouve acculée à un isolement susceptible de l’appauvrir énormément. D’autres alliances économiques se formeront, et constitueront des moments particulièrement intéressants pour investir dans de nouveaux mouvements. Pourquoi pas de nouvelles alliances entre le Canada et l’Europe, ou entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud ?
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