Analyse économique - Q3 2024
Aux taux réduits, les marchés sourient.
En ce troisième trimestre, les épisodes de volatilité n’ont pas déstabilisé les marchés financiers. En effet, ils ont encore su aller de l’avant, basés sur une croissance de l’économie américaine qui se poursuit à un rythme de 3% et sur une synchronisation globale des banques centrales dans les baisses de taux. En pratique, les actions et les obligations ont fait le bonheur des investisseurs au cours de ce troisième trimestre.
Économie
Le contraste économique s’est à nouveau accentué entre les différentes régions du globe. Aux États-Unis, la croissance économique continue sur sa lancée des deux derniers trimestres en progressant au rythme très élevé de 3% annualisés. En revanche, en Europe, l’économie peine, minée par une industrie automobile en difficulté et une perte de confiance dans les sujets d’ordre politique. Enfin, la Chine, grande absente de la croissance mondiale, semble vouloir se donner les moyens de redresser un secteur de l’immobilier au tapis, en crise depuis près de 2 ans.
Le secret du peps économique américain reste la consommation. Elle continue de jouer un rôle crucial dans la mesure où elle demeure le plus gros contributeur à la croissance. Si l’on a douté de la capacité des ménages à digérer les hausses de taux successives dans un contexte où les retards de paiement s’accumulaient, on constate que ces problèmes financiers ont surtout touché les ménages les plus modestes, peu représentatifs de la consommation au niveau agrégé.
Aussi, le taux d’épargne des ménages était finalement beaucoup plus élevé que lors des premières estimations. Le consommateur ne se révélait finalement pas aussi proche de l’épuisement qu’on l’avait redouté.
En Europe, le climat des affaires est un peu moins encourageant. La production industrielle décroche, sur un rythme annuel de -2% en juillet, et la consommation stagne depuis le début de l’année. S’ajoute à cela un taux de chômage qui augmente particulièrement en Allemagne, (6% actuellement contre 5% il y a un an) et des indicateurs de confiance particulièrement déprimés. L’industrie automobile européenne reflète très clairement ces difficultés, puisque les entreprises publient les unes après les autres des avertissements sur résultats face à la rude concurrence chinoise et aux défis posés par la transition à l’électrique.
Enfin, la Chine, également plombée par une période laborieuse, veut se donner les moyens de se sortir de l’ornière d’une croissance molle. Face à la perte de confiance dans le secteur de l’immobilier, la banque centrale et le gouvernement agissent à l’unisson : des taux réduits visant en particulier l’immobilier et la surproduction limitée devraient permettre de casser la spirale des prix en baisse avant d’éventuellement les faire grimper. Même si ces mesures ne font pas repartir la croissance immédiatement, le regain de confiance dans l’immobilier, premier véhicule d’investissement pour les ménages chinois, leur permettra de relancer la consommation après avoir renforcé leur épargne ces derniers trimestres.
Du côté des banques centrales, l’heure est à la baisse des taux. La normalisation de l’inflation vers la cible de 2% permet aux banquiers centraux d’assouplir la politique monétaire, trop restrictive par rapport aux niveaux actuels d’inflation.
Surtout, la Réserve fédérale américaine (Fed) a souhaité ne pas mettre en danger le soft landing en cours en effectuant une baisse de taux de 50 points de base, ce qui s’avère assez surprenant pour une première baisse si on s’en réfère aux précédents historiques. C’est d’ailleurs la hausse récente du taux de chômage qui a poussé la Fed à prendre une telle décision. Fin juillet, il a touché les 4,3%, déclenchant ainsi la fameuse « règle de Sahm », historiquement synonyme de récession. Or, cette fois, la donne semble différente. La hausse du taux de chômage s’explique davantage par une augmentation du taux de participation plutôt que par une destruction de l’emploi. Il s’agit d’un contraste notable par rapport aux occurrences passées de récession. En effet, par le passé, la récession survenait lorsque le taux de chômage augmentait dans un contexte où une véritable destruction d’emploi se produisait.
La Banque centrale européenne (BCE), quant à elle, a entamé un cycle de baisses de taux plus timide que celui de la Fed, mais elle pourrait décider d’accélérer la cadence au vu des derniers chiffres d’inflation très favorables, inférieurs à 2%. Deux fléchissements de taux, de 25 points de base chacun, ont été effectués par Francfort, avec une pause en juillet qui succède à une baisse en juin et précède une baisse en septembre. Les diminutions se profilent pour octobre et décembre, faisant passer d’une baisse toutes les deux réunions à une par réunion pour la fin de l’année.
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